Présences, mémoires individuelles et plurielles comme dispositifs de construction dans le travail des créatrices autochtones
La blessure, qu’elle soit physique, psychologique ou sociale, est évoquée dans le travail de nombreux artistes autochtones au Québec et au Canada, en particulier chez les femmes dont plusieurs projets s’élaborent à partir d’un processus qui implique la mémoire, le corps et l’histoire. Je pense tout particulièrement à Vigil (2002) de Rebecca Belmore, Scar Project (2005-2013) de Nadia Myre, aux REDress (2014 – ) de Jaime Black, aux fenêtres parlantes Je me souviens (2017) d’Hannah Claus, à The One who keeps on giving (2017) de Maria Hupfield ou à L’éveil du pouvoir (2017) de Sonia Robertson. Face à des évènements douloureux, à des situations précaires ou à des traumatismes, ces artistes ont élaboré des œuvres qui se développent tant à partir du partage des mémoires actives, personnelles et collectives, que de la recherche documentaire ou archivistique. Entrelacs de mémoires individuelles et plurielles, ces projets replacent les sujets humains au centre de l’histoire, rejoignant d’une certaine façon la thèse du philosophe Paul Ricoeur à savoir que : « Nous sommes endettés à l’égard des hommes d’autrefois qui ont contribué à nous faire ce que nous sommes, avant que nous formions le projet de nous re-présenter le passé. Avant la représentation vient l’être affecté par le passé1. Autrement dit, la connaissance historique, nourrie de son objectivité, ne peut s’émanciper de la mémoire; l’histoire et la mémoire ne peuvent être dissociées. C’est en ce sens, ajoute-t-il, que le « maître artisan des récits du passé » entretient toujours une «
…