L’odeur de l’art : entretien avec Sandra Barré
Sandra Barré est historienne de l’art, critique d’art et commissaire d’exposition. En 2021, elle a publié L’odeur de l’art, un panorama de l’art olfactif aux éditions La lettre volée. La même année, elle était commissaire d’une exposition dédiée à l’art olfactif intitulée Odore, l’art, l’odeur et le sacré présentée à la Galerie Pauline Pavec (Paris). Elle a joint, en 2022, l’équipe du Studio des parfumeures Flair pour lequel elle dirige un espace promouvant l’art olfactif. En partenariat avec ce Studio, elle rédige une thèse de doctorat à l’université Paris 1, Sorbonne-Panthéon. Son travail porte principalement sur le rapport de l’odeur au corps, ce qui lui donne l’occasion de réfléchir à l’expérience directe que permet l’olfaction, aux possibilités d’incarnation qu’elle offre et au rapport pénétrant qu’elle envisage. Ainsi, elle s’intéresse à la non-visualité de l’art moderne et contemporain sur les sens dits pauvres que sont l’odorat, le goût et le toucher.
André-Louis Paré Dans votre ouvrage L’odeur de l’art, un panorama de l’art olfactif (La Lettre volée, 2021)1, vous contestez l’appellation « art visuel » alors que depuis plusieurs décennies des artistes développent des œuvres qui nous invitent à sentir. Toutefois, peut-on affirmer que l’odeur qui se dégage d’une œuvre suffit à la qualifier d’art olfactif ? Autrement dit, y a-t-il des critères précis pour désigner une œuvre comme appartenant à la catégorie « art olfactif » ?
Sandra Barré Parler d’« art olfactif » me permet d’annuler une certaine hiérarchie sensorielle sur laquelle s’est fondée l’histoire de l’art. Cette terminologie est un outil pour appuyer le
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