L’envers du décor : les oeuvres de David Spriggs et de Stanley Février
David Spriggs et Stanley Février sont deux artistes qui utilisent la transparence : le premier pour ses caractéristiques plastiques, mais aussi pour son sens intrinsèque; le second pour sa capacité à dévoiler ce que les autorités voudraient garder caché. Si Spriggs remet en question les vertus de la transparence, Février l’utilise en retournant l’argument et en inversant le propos. On peut toutefois relier leurs deux pratiques par la dimension politique qui les sous-tend.
Spriggs dessine ou peint des fragments d’images sur une multitude de feuilles transparentes, déployées selon un principe de stratification dans un espace en trois dimensions, créant de véritables sculptures de lumière colorée. L’artiste invite le regardeur à déambuler devant et autour de ses œuvres, et cette participation crée une image mouvante et illusoirement profonde à travers les parois transparentes. Cette stratification est au cœur de son travail. Ses installations dépassent la recherche purement esthétique et technique de la forme pour amener le regardeur à se questionner sur le fond, à savoir les organisations et les représentations du pouvoir. La transparence est un thème central chez Spriggs : il engage le regardeur à réfléchir à ce qui peut et ce qui doit être transparent, et comment cette visibilité peut être une entrave non seulement à l’intimité, mais surtout à la liberté.
En 2010, à la Galerie de l’UQAM, David Spriggs présente Stratachrome, une installation monumentale et monochrome de feuilles transparentes. Diffusée en strates – d’où le titre, néologisme que l’on doit à l’artiste –, la couleur verte
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