Laurent Pilon : Vertiges et miracles de la matière
Laurent Pilon, Les pieds de la communauté
Centre d’exposition de Val-David
25 février—20 mai 2012
Au Centre d’exposition de Val-David, le printemps dernier, vous avez regroupé des sculptures et des installations sous le titre Les pieds de la communauté. Dans son texte de présentation, la directrice Manon Regimbald fait allusion à des temps reculés, immémoriaux, aux notions à la fois d’origines et de derniers moments – de l’être humain, de l’humanité. Qu’en est-il, de votre point de vue ?
Laurent Pilon : Comme pour l’ensemble de mes oeuvres précédentes, le corpus de cette présentation s’appuie sur les conditions figuratives d’une seule technique, soit l’imprégnation résineuse, qui elle-même se fonde essentiellement sur les propriétés figuratives d’un seul matériau, soit la résine de polyester. Polymorphie protéenne, puissance de conversion matérielle et phénomènes concomitants d’accélération et de suspension temporelles caractérisent principalement la charge de préfiguration de la plasticité de cette résine, disons plus justement de sa plasmaticité.
En cette circonstance la sensation du faire apparaît non comme un retour à l’origine, mais comme un geste exercé avec une matière sculpturale qui n’offre pratiquement aucune contrainte. Il ne s’agit pas de reculer dans le temps, mais d’en impulser le cumul. Les « pieds » de la figure instaurent ou prolongent son mouvement, ils touchent le sol, coïncident avec la première matière.
Le passage de la résine de l’état liquide à l’état solide est une fossilisation accélérée. Les molécules du pétrole, un carburant fossile, s’y
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