Nathalie Bachand
N° 124 - hiver 2020

Et si l’intelligence n’existait pas ?


Et si l’intelligence n’existait tout simplement pas – qu’elle soit naturelle ou artificielle ? C’est une question qu’il est tentant de poser vu l’état du monde : la machine capitaliste hors de contrôle, le climat en déroute, le déséquilibre généralisé d’un bout à l’autre du globe, les inégalités sociales et économiques. La bêtise naturelle est un fait avéré qu’il serait rassurant – à ce stade-ci – de contrebalancer par une intelligence artificielle, réelle. Là réside une part du problème : ce que l’on nomme intelligence artificielle, ou IA, ne possède, en vérité, que bien peu d’intelligence. L’IA est un package marketing dont personne n’est prêt à faire l’économie : c’est, d’une part, beaucoup trop lucratif et, d’autre part, l’élément fort du fantasme homme-machine qui habite depuis si longtemps l’humanité. De quoi parlons-nous alors ?

Moins séduisant, l’apprentissage machine (machine learning ou deep learning) – rendu possible grâce à des réseaux de neurones artificiels (ANNs, artificial neural networks), dont font partie les GANs (generative adversarial networks, ou réseaux antagonistes génératifs) – correspond cependant beaucoup mieux à la réalité. Ce type d’algorithme1 génératif dit « d’apprentissage non supervisé » – donc porteur d’un relatif niveau d’autonomie – fonctionne comme une personnalité double constituée d’un générateur et d’un adversaire. Il s’agit de deux réseaux qui s’affrontent à travers une joute où le premier génère ou sélectionne un échantillon (à partir d’une base de données choisie dont nous alimentons le réseau) que le second tente d’identifier comme réel ou


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Justine Emard, Co(AI)xistence, 2017. Installation vidéo, 12 min. Avec Mirai Moriyama & Alter (développé par Ishiguro Lab, Université d’Osaka et Ikegami Lab, Université de Tokyo). © Justine Emard/SOCAN (2019).
François Quévillon, Voiture sans conducteur dans l’au-delà,2017. Épreuve numérique sur papier archive, 90 x 77 x 3 cm. Photo : avec l’aimable permission de l’artiste.
Johannes Heldén et Håkan Jonson, Evolution (AI), 2013-2014. Photo : avec l’aimable permission des artistes.
Lawrence Lek, Geomancer, 2017. Film CGI (images générées par ordinateur). Avec l’aimable permission de l’artiste et de Sadie Coles HQ, Londres.
David Jhave Johnston, ReRites, 2019. Vue de l’installation, Anteism Books, Montréal. Photo : avec l’aimable permission de l’artiste.