Devenir l’œuvre. Pratiques de chosification des corps dans les expositions et les musées
En mai 2021, à l’Université du Québec en Outaouais (UQO) s’est tenu en ligne le colloque international Devenir l’œuvre : pratiques de chosification des corps dans les expositions et les musées. Organisé par Mélanie Boucher (UQO), en collaboration avec Éric Langlois (UQO) et Anne Bénichou (UQAM), et en partenariat avec l’ÉMI/UQO, l’UQAM et la Galerie UQO, ce moment de rencontre a inscrit la fascination ressentie depuis longtemps à s’imaginer en tant qu’œuvre à l’intérieur de la condition pandémique actuelle.
Pendant les deux journées du colloque et les six sections thématiques croisées (miroir, reconstitution, scène, tableau vivant, égoportraits et mannequin), les intervenants ont misé sur la dialectique actualité/passé et insisté davantage sur les manières dont les pratiques d’aujourd’hui — de reprise, de dédoublement, de personnification et de monstration — relancent celles du passé et vice versa.
Au cœur de la réflexion, la posture du spectateur qui expérimente souvent un va-et-vient entre le rôle de regardeur et celui de regardé. Cette dichotomie a animé en particulier les questionnements de Soko Phay (Université Paris 8) qui, en ouverture du colloque, s’est demandé comment on peut être spectateur lorsqu’on est transformé en objet d’exposition. En articulant son interrogation à travers l’étude d’œuvres-miroirs d’artistes contemporains (tels que Michelangelo Pistoletto, Camilo Matiz ou Olivier Sidet) qui inversent le regard, dévoilent les détournements visuels de la société contemporaine et font de l’individu un participant actif et conceptuel de l’œuvre même, Phay a ainsi anticipé les concepts clés du colloque : la théâtralité des dispositifs, le dynamisme du spectateur, la dialectique entre
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