Penser autrement la pornographie
Dans son ouvrage Penser la pornographie (PUF, 2003), le philosophe Ruwen Ogien (1947-2017) réfute les arguments des pornophobes, qu’ils se disent conservateurs ou progressistes. Tandis que les uns considèrent la pornographie comme une menace pour la cellule familiale, et les valeurs traditionnelles qu’elle incarne, les autres critiquent la dégradation des relations humaines qu’elle génère. Ses objections reposent sur une éthique minimale dont un des principes est celui de ne pas nuire à autrui. Selon Ogien, on devrait considérer inoffensive la production ou la consommation d’images pornographiques pourvu qu’elle ne porte pas préjudice à quiconque. Pour en discuter, il examine attentivement les points de vue des groupes d’individus s’opposant à la pornographie en misant sur une conception substantielle du bien sexuel prétendument inhérente à la nature humaine. Or cette conception réprouve le droit des personnes adultes de décider ce qu’elles font de leur propre vie. En tant qu’essai d’éthique appliquée, Penser la pornographie s’immisce dans un débat qui a toujours cours entre ceux et celles qui, au nom de la dignité humaine, désirent réprimer la pornographie, et ceux et celles qui, tout en reconnaissant son existence, militent pour une tolérance quant aux désirs et aux goûts de chacun·e dans le respect des règles conformes à l’éthique minimaliste.
Quatre années plus tard, Ogien publie La liberté d’offenser. Le sexe, l’art et la morale (La Musardine, 2007) et s’en prend, cette fois, à la censure dans le domaine de l’expression artistique. Il y défend la liberté d’offenser, celle d’exposer des œuvres pouvant
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