Karl-Gilbert Murray

Théo Bignon, Double entendre

Centre Clark
Montréal
23 mai – 20 juin 2024


Plutôt que de favoriser une esthétique « contestataire », inspirée des années post-Stonewall, l’exposition Double entendre1 de Théo Bignon, pose un regard actuel sur des pratiques de la drague masculine dans des lieux de sociabilité atypiques. Sous la forme d’un journal intime, l’artiste dévoile des épisodes de sa vie personnelle, brodée de fils, de rubans, de paillettes et de perles de verre, mentionnant nombre de ses relations sexuelles furtives, anonymes et aventureuses. Reconstituée de souvenirs, chaque broderie2 fait ainsi appel au processus de remémoration de gestes dissimulés et d’œillades soutenues au détour d’un arbre, d’une vespasienne ou d’un parc afin d’éveiller une impression de faire corps avec l’objet-broderie – de vivre une excitation de proximité.

Cette façon d’exposer une partie de la biographie de l’artiste, à travers des représentations visuelles de ses désirs, marque un tournant dans l’histoire des créations à connotation gaie, homo ou queer en ce qu’elle suscite une réflexion positive sur des usages dépourvus de tout sentiment de honte et de gêne. Ce faisant, sous l’angle d’un savoir-faire artisanal – la broderie –, l’œuvre libère un terrain communautaire socio-sexuel, où l’affirmation de soi, se détachant du carcan hétéronormatif, naît d’un geste militant de résistance et, à partir duquel Bignon insiste sur le « nous sommes là, nous avons toujours été là et nous le serons toujours3 ».

Caractérisant une esthétique de la séduction qui invite le·la regardeur·euse à se laisser courtiser tout


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Théo Bignon, Double entendre, 2024. Vue partielle de l’exposition. De gauche à droite : Hot Pink Butthole, 2024, Les Buissons (Été 2021), 2021-2023, Le Parc (Été 2023), 2023, banc de parc, Les Buissons (Été 2023), 2023 et Vespasienne, 2024. Photo : Paul Litherland.
Théo Bignon, A Dick Slip and a Show, 2024. Lin, fil de coton, laine, fil de polyester, fil métallique, ruban de polyester, faux cils, tilleul, teinture. Centre Clark, Montréal. Photo : Paul Litherland.
Théo Bignon, Hot Pink Butthole, 2024. Coton teint, laine, fil de coton, rubans de soie, et de polyester, nylon, paillettes, perles de verre, maille, tilleul, teinture. Centre Clark, Montréal. Photo : Paul Litherland.
Théo Bignon, Le Parc (Été 2023), 2023. Lin, coton, eau de Javel, perles, paillettes, soie, polyester, nylon, tilleul. Centre Clark, Montréal. Photo : Paul Litherland.
Théo Bignon, Le Parc (Été 2023), 2023. Détail. Lin, coton, eau de Javel, perles, paillettes, soie, polyester, nylon, tilleul. Centre Clark, Montréal. Photo : Paul Litherland.
Théo Bignon, He Must Have Left. I’m Still Down Here Waiting, 2024. Coton, soie, laine, polyester, laine, paillettes fil métallique, tilleul, teinture. Centre Clark, Montréal. Photo: Paul Litherland
Théo Bignon, He Must Have Left. I’m Still Down Here Waiting, 2024. Détail. Coton, soie, laine, polyester, laine, paillettes fil métallique, tilleul, teinture. Centre Clark, Montréal. Photo: Paul Litherland.
Théo Bignon, Les Buissons (Été 2021), 2023. Lin, coton, eau de Javel, teinture, perles, paillettes, œillets, allumettes, faux cils, carte de crédit expirée, ruban de soie, polyester, nylon. Centre Clark, Montréal. Photo : Paul Litherland.
Théo Bignon, Double entendre, 2024. Vue partielle de l’intérieur de la vespasienne centrale. Centre Clark, Montréal. Photo : Paul Litherland.
Bob Damron’s Address Book, 1983. Livre. Photo: Paul Litherland.