Théo Bignon, Double entendre
Montréal
23 mai – 20 juin 2024
Plutôt que de favoriser une esthétique « contestataire », inspirée des années post-Stonewall, l’exposition Double entendre1 de Théo Bignon, pose un regard actuel sur des pratiques de la drague masculine dans des lieux de sociabilité atypiques. Sous la forme d’un journal intime, l’artiste dévoile des épisodes de sa vie personnelle, brodée de fils, de rubans, de paillettes et de perles de verre, mentionnant nombre de ses relations sexuelles furtives, anonymes et aventureuses. Reconstituée de souvenirs, chaque broderie2 fait ainsi appel au processus de remémoration de gestes dissimulés et d’œillades soutenues au détour d’un arbre, d’une vespasienne ou d’un parc afin d’éveiller une impression de faire corps avec l’objet-broderie – de vivre une excitation de proximité.
Cette façon d’exposer une partie de la biographie de l’artiste, à travers des représentations visuelles de ses désirs, marque un tournant dans l’histoire des créations à connotation gaie, homo ou queer en ce qu’elle suscite une réflexion positive sur des usages dépourvus de tout sentiment de honte et de gêne. Ce faisant, sous l’angle d’un savoir-faire artisanal – la broderie –, l’œuvre libère un terrain communautaire socio-sexuel, où l’affirmation de soi, se détachant du carcan hétéronormatif, naît d’un geste militant de résistance et, à partir duquel Bignon insiste sur le « nous sommes là, nous avons toujours été là et nous le serons toujours3 ».
Caractérisant une esthétique de la séduction qui invite le·la regardeur·euse à se laisser courtiser tout
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