La restauration, un acte de collaboration entre l’artiste et le restaurateur
Les activités professionnelles des restaurateurs sont traditionnellement fondées sur la préservation des matériaux originaux d’un objet culturel. Le principe de cette activité associe étroitement la notion d’intégrité matérielle originelle de l’objet à celle de son authenticité ; c’est ce que signalent les articles du Dictionnaire encyclopédique de muséologie à propos de la restauration 1. À titre d’exemple d’application de cette conception, mentionnons cette prescription du Code de déontologie canadien en matière de conservation à l’effet que le restaurateur doit respecter l’intention originelle du créateur du bien culturel, se renseigner sur l’intégrité physique, conceptuelle, historique ou esthétique de ce bien et la respecter dans toutes ces interventions 2. Cette recommandation évoque la théorie de la restauration de Cesare Brandi qui a guidé l’instauration des programmes de formation des restaurateurs. Ce théoricien a défini la restauration comme « le moment méthodologique de la reconnaissance de l’oeuvre d’art dans sa consistance physique et sa double polarité esthétique et historique 3 ». Et il a dicté aux restaurateurs de préserver son état matériel originel parce que, en tant que trace de l’acte de création, il est porteur de sa signification historique ; et c’est par la préservation de cet état qu’ils peuvent assurer la pérennité de la valeur artistique de cette oeuvre et l’authenticité de son expérience esthétique.
Les sculptures contemporaines dotées d’un potentiel de variabilité ont mis en cause cette conception de l’authenticité de l’oeuvre d’art fondée sur son intégrité matérielle d’origine. Cette variabilité se manifeste de différentes
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