Poétique sous tension : Cornelia Parker et Lucy Skaer
Chisenhale Gallery, Londres, 1991. Au centre de la galerie sont suspendus des débris calcinés d’objets et de lambris de bois regroupés de manière à reconstituer tant bien que mal la forme cubique d’une architecture. Provoquées par une source de lumière au milieu de cette structure chancelante et en lévitation, leurs ombres emplissent l’espace – murs, sol, plafond. Aussitôt, on est confronté au souffle d’une explosion, dont la violente projection de fragments aurait été comme figée; les ombres renvoient un écho silencieux du mouvement de désintégration de la zone. Les victimes de cette destruction : un abri de jardin et tout son contenu d’appareils ménagers, équipements sportifs, jouets et autres objets de la vie quotidienne.
Chisenhale Gallery, Londres, 2008. Le lieu d’exposition est cette fois partagé en deux par un grand mur en parpaings de béton, de façon à simuler conceptuellement un état de siège. Dans la zone extérieure de cette « place forte », qu’on rencontre en rentrant dans l’exposition, on retrouve les « assaillants » : deux dessins de grandes dimensions, une version déformée de La Grande Vague (environ 1830) d’Hokusai et une reproduction du Déluge (environ 1517) de Léonard de Vinci, l’un accroché au mur, l’autre étendu au sol. À l’intérieur des « remparts », des tables anciennes, transformées en plaques d’impression, sont présentées avec les images résultantes. Elles sont accompagnées par une structure en bois, dont la forme est empruntée à un détail du tableau Landscape from a Dream (1936-1938) de Paul Nash. Une vingtaine de reproductions
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