Cynthia Girard
N° 105 - automne 2013

Patate indécise dans l’atelier de Manuela Lalic


Visiter l’atelier d’une artiste c’est comme entrer dans sa tête, participer à son carnaval de possibilités où les axes de pratique sont déliés et multiples, avant les choix de l’exposition resserrant une seule proposition. Dans l’atelier d’un artiste, il y a mille expositions.

L’atelier est envahi de panneaux isolants composés de styromousse blanche avec un seul côté recouvert d’aluminium. Certains des panneaux sont accotés aux murs, d’autres tiennent en équilibre entre deux pièces de mobilier, mais la majorité sont placés en position horizontale, couchés sur des tables à différents niveaux, surélevés du sol, et nous invitent à les regarder comme s’ils étaient des plaques de glace formant une banquise à la dérive. La surface blanche des panneaux est placée vers le haut, accentuant l’idée tout en blanc d’une banquise ; sur celle-ci, l’artiste a disposé des pots de cornichons placés à l’envers, le couvercle et le haut du pot peints en blanc. Les embarcations de cornichons semblent en quelque sorte attendre la fonte des glaces pour regagner le large. Les voisinant sur la banquise de styromousse, un amas gigantesque de trombones attachés entre eux, emmêlés volontairement. L’amas tente en vain de se propulser vers le ciel, un escabeau soutenant ses efforts. Cette multitude de trombones liés les uns aux autres, telle une population humaine, cherche à s’élever au-delà de la dérive, mais son propre poids, force de gravité oblige, la rapporte au sol. La multitude reste prisonnière de sa condition.

Dans un univers où l’apocalypse environnementale est la


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