N° 109 – hiver 2015

Ouvrages reçus

Karine Giboulo. Dans l’oeil de la marmotte. Through the Eyes of the Groundhog. Éd. Expression, Centre d’exposition de Saint-Hyacinthe et McMichael Canadian Art Collection, 99 p., 2014. IlI. couleur. Fra/Eng.

Fruit d’une association entre deux institutions muséales, ce livre a été produit dans la foulée de trois expositions présentées en 2013-2104 : Karine Giboulo’s Small Strange World(s), à la McMichael Canadian Art Collection (commissaire : Sharona Adamowicz-Clements); Réalité / Utopie à Expression (Commissaire : Danielle Lord) et HYPERLand, à la Angell Galery de Toronto. Cette monographie est magnifiquement illustrée de reproductions photographiques de plusieurs dioramas produits par l’artiste depuis la série Bulle de vie (2005-2006) jusqu’à HYPERland (2014), en passant par Village électronique (2008- 2009) et Village Démocratie (2010-2012). Les commissaires, Danielle Lord et Sharona Adamowicz-Clements, analysent dans des textes distincts – l’un en français, l’autre en anglais – les préoccupations de l’artiste devant des situations socioéconomiques déplorables comme l’exploitation, les disparités sociales ou la surconsommation. Elles rendent compte du souci de l’artiste à sensibiliser le spectateur au dysfonctionnement du monde actuel.

Sylvie Cotton et Nathalie de Blois, Moi aussi. Montréal, Éd. les petits carnets / Galerie de l’UQAM, 2013, 105 p. Dessins de S. Cotton.

Intitulé Moi aussi, ce petit livre présente l’histoire d’une rencontre entre deux personnes qui, rapidement, vont partager par le dialogue une amitié sincère. L’une est surtout artiste, mais aussi parfois commissaire ; l’autre est commissaire et historienne de l’art. Les deux ont une maîtrise en muséologie.

À la suite de courts textes où il est question de leur rencontre et de l’approche souhaitée pour ce livre, le lecteur a droit à un beau texte écrit par de Blois qui commente, sur le ton de l’intimité, diverses activités artistique de Cotton, comme certains projets d’archivages grâce auxquels « un exercice délicat d’investigation de soi et de dévoilement subtil parle d’intimité et d’univers intérieur ». C’est aussi et peut-être davantage dans le cadre de ses performances que cet exercice devient plus intense. En se reliant aux autres, le corps et l’esprit sont mis à l’épreuve. Ils sont amenés à favoriser « l’émergence de réels moments d’authenticité ». L’ouvrage est illustré de dessins produits par Cotton et consacrés à ce projet où l’art est d’abord expérience. Ses dessins sont ensuite identifiés à la fin du livre dans une section intitulée Le cahier de dessin : un portrait de Nathalie.

Cocyte inc. Violette Dionne. Sculptures. Éd. de Mévius, Montréal, 2014, 117 p. Ill. couleur. Fra/Eng.

Ce catalogue de l’exposition Cocyte inc. de la sculpteure québécoise Violette Dionne, s’étant tenue au 1700 La Poste du 27 mars au 31 mai 2014, témoigne d’un travail de  réactualisation des récits de la mythologie gréco-romaine adaptés aux problématiques des temps modernes. Usant des modes de représentations propres aux époques de l’Antiquité et du Moyen-Âge, Dionne présente, à travers ses personnages aux allures de cyborgs, une réflexion sur la condition humaine à l’ère de l’ultra-mécanisation. Dans les oeuvres en céramique de l’artiste, dont la démarche est présentée dans l’ouvrage par madame Isabelle de Mévius, on perçoit des corps presque fusionnés aux machines avec lesquelles ils travaillent.

L’a-maison, Marie-Christiane Mathieu, Jacques Perron et Georges Teyssot. Presses de l’Université Laval, Québec, 2013, 77 p. Ill. couleur. Fra/Eng.

L’a-maison reprend le titre d’une installation vidéo du même nom présentée au Circa, en 2011, par l’une des auteurs, Marie-Christiane Mathieu. Dans cet ouvrage, on remet en question la notion d’habiter un logement. Pour les auteurs, la maison est un cocon dans lequel se sécurise l’homme, mais ce dernier développe-t-il réellement une relation d’intimité avec elle ? Le confort éprouvé à  l’intérieur de celle-ci n’est-il pas simplement le résultat de l’isolement face à toute forme d’activité relationnelle externe ? Mathieu tente d’y définir le concept d’« aître », soit un ensemble de relations entre une personne et les lieux qu’elle traverse, ces derniers investissant et définissant l’identité même de cette personne. Selon l’auteure, ce concept se révèle « à partir d’un ensemble de pratiques performatives, photographiques, sculpturales, architecturales, sonores, etc. »

Michael Blum. Notre histoire || Our history, Montréal, Éd. Galerie de l’UQAM, 2014, 156 p. Fra/Eng.

Cette publication accompagne l’exposition Michael Blum. Notre Histoire II Our histories présentée à la Galerie de l’UQAM, à l’automne 2014. C’est à la suite d’une résidence d’été de la Galerie que Michael Blum, originaire de Jérusalem et désormais installé à Montréal, a souhaité comprendre la question de l’identité en ce qui a trait aux individus habitant le territoire québécois. Pour ce faire, il a adopté la posture d’enquêteur. L’ouvrage, « qui n’est ni le catalogue de l’exposition ni un essai », présente donc le résultat d’un sondage « non-scientifique »  adressé à 600 personnalités publiques de différents milieux politiques et artistiques. Seulement 86 personnes, parmi lesquelles se trouvent surtout des artistes, des travailleurs culturels et des universitaires, ont accepté de répondre à des questions telles que « Le Québec pour vous, qu’est-ce que c’est ? » et « Comment expliqueriez-vous la différence entre le Québec et le Canada à un étranger? ». La préface de Louise Déry et le Journal de bord de l’artiste éclairent les enjeux de cette délicate question identitaire sur fond de débat linguistique, de nationalisme et de chartes des valeurs.

Jacinthe Lessard L. Le Décalogue après dieu et Kieslowski. Montréal, Éd. Blink, 2013, 126 p.

L’artiste Jacinthe Lessard L. nous présente, dans ce premier ouvrage publié aux éditions Blink, le résultat d’une résidence faite à Banff. Pendant son séjour, l’artiste a pris le temps de regarder au petit écran des films de diverses catégories (drame, comédie, horreur, etc.).  Le titre de son livre renvoie d’ailleurs à une série réalisée par Kristof Kieslowski. Chacun des dix chapitres correspond au visionnement d’un film et à un titre référant à son expérience de spectatrice. On y trouve : « Samedi 27 septembre. 10 h 40. Genre : Film d’auteur. Anglais. » ou « Samedi 25 mai. 20 h 46. Genre : Film d’action. Anglais. » De ces dix films, Lessard L. en a tiré un livre performance puisqu’elle y a pris des notes et nous les livre dans une écriture syncopée, voire déroutante, mais aussi amusante, pourvu que le lecteur accepte de s’abandonner à cette singulière expérience cinématographique.