Le processus du deuil, entre oubli et mémoire
Dans sa définition la plus simple, le deuil — en latin dolium (douleur) — constitue un état affectif ressenti face à la perte, à l’absence d’une personne décédée. Mais le deuil peut aussi s’avérer une épreuve difficile à traverser lorsque survient une transition qui s’impose dans un parcours de vie. Dans tous les cas, ces épreuves communes – bien que vécues différemment – nécessitent un processus d’adaptation quand un changement brusque se produit dans notre existence.
Selon la psychanalyse, ce que l’on appelle le « travail du deuil » a pour but l’acceptation que l’être disparu n’est plus. Sigmund Freud (1865-1939) a beau dire qu’il ne s’agit pas de renier les morts ni d’arrêter de les regretter, mais il s’avère aussi fondamental que l’endeuillé·e établisse la paix avec celles et ceux qui nous quittent, peu importe les circonstances. Dans son livre Le deuil impossible nécessaire. Essai sur la perte, la trace et la culture (Nota bene, 2005), Nicolas Lévesque remet subtilement en question l’analyse freudienne de cette épreuve du deuil. Puisque celle-ci pourrait ne jamais s’achever, ce dernier demeure une énigme. Il s’interroge ainsi sur l’idée qu’il faille « tuer le mort » pour vivre normalement; bien au contraire, cette souffrance « laisse des traces et des empreintes ».
En Occident, l’expression « porter le deuil » a longtemps été symbolisée par la couleur de notre habillement : noire ou au ton sombre, notre tenue vestimentaire devient le signe apparent de notre état d’être. Mais les sociétés laïques ont de
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