Laurent Gagnon : l’ordre dans le chaos
En février dernier, à l’Espace Parenthèses du Cégep de Sainte-Foy, vous avez présenté un corpus d’oeuvres intitulé Univers plein. Pourquoi ce titre ?
Laurent Gagnon : La physique quantique actuelle suggère que l’espace contenu entre les particules élémentaires s’apparente, en termes d’espace vide, aux proportions observées à l’échelle cosmique. Ce vertigineux mais fascinant vide éclaire singulièrement la nature compulsive de l’être humain qui tend à s’entourer d’objets. Le titre Univers plein explore cette dichotomie entre l’expérience sensible et l’inacceptable vacuité perçue de manière intuitive. Il semble qu’il faille s’accrocher à quelque chose pour meubler cet espace ; ainsi naîtrait ce désir rassurant de combler le vide… C’est dans cet esprit que l’exposition conviait le spectateur à plonger dans un univers dense d’objets groupés autour de l’accumulation, de la collection et de l’inventaire.
Est-ce que cette exposition s’inscrit dans le prolongement de votre démarche ou marque-t-elle un tournant ?
L’exposition s’inscrit dans le droit fil de mes recherches antérieures. Ainsi, il y a toujours cette préoccupation à l’égard de l’objet perdu ou délaissé, puis trouvé et réinvesti. Par différentes stratégies, j’anime ces objets. Certains sont déconstruits, ramenés à l’état de composantes, fragments ou matériaux, alors que d’autres sont laissés tels quels. En outre, la rencontre inattendue de ces diverses collections d’objets groupés par teintes dominantes constitue une constante esthétique dans ma démarche sculpturale 1. Incidemment, le défi de l’exposition Univers plein consistait à revisiter l’ordre dans le chaos, mais cette fois-ci l’idée maîtresse apparaissait de manière
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