Sylvie Coellier
N° 107 – printemps-été 2014

Quelque part entre la clôture et l’expansion : la sculpture aujourd’hui


Quelles notions partageons-nous aujourd’hui sous ce mot de sculpture ? La peinture se définit aisément. La sculpture en revanche ne renvoie pas même étymologiquement à une catégorie unique : sculpter signifie à l’origine entailler, tailler dans la pierre, mais le modelage, qui est aussi ancien, se classe sous la même rubrique. Avant le XXe siècle, la sculpture était statuaire, monument ou relief. Après Rodin, elle devient nomade, abstraite ; elle introduit l’espace à l’intérieur des masses, se construit, s’assemble. À la fin des années 1970, Rosalind Krauss 1 accuse d’historicisme la critique américaine employant à tout va le mot « sculpture » pour des pratiques telles que marcher, faire des couloirs avec moniteurs vidéo ou creuser des lignes dans le désert. C’est pour elle une « manipulation » destinée à réduire l’étrangeté de ces démarches à du connu rassurant. Elle propose le concept de « champ élargi », ouvrant toutes les interférences entre espace, site, marquage, architecture, paysage. Au cours des mêmes années, le terme « installation » apparaît dans les magazines pour décrire la disposition des expositions et qualifie bientôt les oeuvres utilisant leur situation spatiale. « Depuis, la distinction entre l’installation d’oeuvres d’art et l’art d’installation est devenue de plus en plus floue 2 ».

Sculpture ; sculpture dans le champ élargi ; installation. Cette terminologie, qui suggère une continuité depuis un volume autour duquel on tourne jusqu’à une dispersion spatialisée d’éléments ready-mades ou fabriqués, demeure une classification commode pour l’information critique. Mais que dit-elle


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