Gilles A. Tiberghien
N° 103-104 – printemps-été 2013

Sur l’imaginaire cartographique dans l’art contemporain 1


L’art et la cartographie ont partie liée depuis bien longtemps, peut-être depuis les origines mêmes de la cartographie. Les cartes médiévales dites T dans l’O étaient souvent richement ornées, tout comme les portulans qui apparaissent dès le XIIIe siècle 2, et les artistes à la Renaissance ont souvent participé à la réalisation de cartes. Aujourd’hui, à une époque où ils sont largement tenus à l’écart de cette activité, et ce depuis plus de deux siècles, l’intérêt pour la cartographie s’est néanmoins beaucoup développé dans le monde de l’art depuis les années soixante, conjointement avec ce que l’on a appelé l’art conceptuel au sens large 3.

Les artistes en effet réinterrogent les procédures propres à la cartographie. Ils mettent l’accent sur des problèmes que les cartographes dans l’exercice de leur métier finissent par ne plus apercevoir, étant trop occupés à produire des instruments fiables pour se repérer dans l’espace et évaluer les distances entre localités désignées et nommées.

Pourtant, les géographes depuis une trentaine d’années se sont beaucoup intéressés à l’activité cartographique, à ce que les Anglo-Saxons appellent le mapping, déplaçant pour une part leurs analyses sur les processus plus que sur les objets.Les artistes contemporains ont considéré la carte à la fois pour elle-même, dans sa complexité picturale et sémantique (Jasper Johns, Pierre Alechinsky, etc.), et comme un moyen pour «documenter » des actions éphémères ou pour localiser des réalisations difficiles d’accès, comme l’ont fait certains artistes du Land Art (Robert Smithson, Nancy Holt, Dennis Oppenheim ou Richard Long) mais pour


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