Le GRAND et le petit monde : à l’échelle de la démesure
Les philosophes ont sans doute raison de nous dire que rien n’est grand ni petit que par comparaison.
–Jonathan Swift, Voyages de Gulliver 1
Cumulés à l’infini, nains, nabots, petits, miniatures et autres diminutifs ne lui vont pas à la cheville. Et pour cause. Le GÉANT est PLUS que le TOUT et les parties. « Presque trop grand pour être présenté 2 », mais obstinément présent dans la psyché des hommes, il fallait bien réduire son ampleur et sa force brute à l’échelle de l’entendement. On dit qu’au début des temps, Titans et Olympiens s’engagèrent dans une terrible guerre de pouvoir. Zeus précipita les énormes Titans dans le Tartare et provoqua ainsi la colère des Géants et des Typhons qui se mobilisèrent pour venger leurs frères ostracisés en poursuivant le dieu belliqueux et ses complices jusqu’aux confins de l’univers 3. Et c’est ainsi que commençait un interminable conflit entre les plus-grands-que-nature, les humains faisant figure de pions dans l’espace-temps du monde d’en haut.
Un mythe en engendrant un autre, on raconte qu’au cours de la grande bataille céleste entre le Bien et le Mal, des géants auraient emprunté les traits d’anges racoleurs pour séduire les plus belles femmes de la terre, qui enfantèrent des monstres 4, d’où l’effroi subséquent pour toute forme d’hybridation. Courroucé par l’abominable dégénérescence de ses créatures humaines, Yahvé tenta d’exterminer les colosses par le Déluge 5 auquel échappèrent les plus résilients, que Moïse eut à son tour grand-peine à mater 6,
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