André-Louis Paré
N° 113 – printemps-été 2016

Fétiches : quand l’objet devient chose


Depuis quelque temps déjà, plusieurs expositions d’arts visuels font la part belle aux objetsi. Non pas les objets qui, par leur statut ou leur mise en vitrine, ont déjà une valeur esthétique inhérente à ce qu’elle représente au sein du monde de l’art, mais plutôt ceux qui partagent notre quotidien et qui s’accumulent autour de nous, alors que certains, devenus inutiles, pourraient être détruits. Loin d’être des objets à observer selon les paramètres rigoureux de l’épistémologie, ces objets fabriqués pour leur usage au quotidien, sinon pour la décoration, côtoient nos espaces familiers, affectent notre existence personnelle. Mais pourquoi s’y intéresser dans le domaine de l’art contemporain ? Est-ce une façon de résister au système des objets voué à la détérioration programmée ? Est-ce pour combattre l’esthétique de l’immatérialité, en soulignant l’importance de s’entourer de choses qui en tant qu’objet d’affection participent de notre subjectivité ii ? En leur offrant une « seconde vie », ce phénomène de réinscription d’objets au sein d’une écologie de la conservation est-il si éloigné de ce que l’on entend par objet-fétiche ?

Aujourd’hui, la signification du mot « fétiche » s’étend à bien des domaines. Elle est loin d’être fixe et déterminée. Toutefois, dans le texte qui amorce ce dossier, Dominique Berthet rappelle qu’originellement ce mot apparaît au sein de l’histoire de la colonisation africaine. D’origine portugaise, le mot feitiço est associé au culte animiste. L’objet-fétiche est ainsi lié à la magie, au sortilège, à un objet enchanté, propice à la superstition. Culturellement, le terme « fétiche » participe


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