Esth/éthique de la chair
Dans son livre posthume Les aveux de la chair (Gallimard, 2013), Michel Foucault (1926-1984) analyse ce qu’il en est de la sexualité au sein du christianisme naissant. Faisant suite aux ouvrages publiés de son vivant – La volonté de savoir (1976), L’usage des plaisirs et Le souci de soi (Gallimard, 1984) – il s’agit d’un quatrième tome concernant le corps sexué. Débutée au 18e siècle, sous l’optique de ce qu’il a qualifié le «biopouvoir», cette étude du corps s’est déplacée, avec les second et troisième tomes, vers les philosophes et médecins de l’Antiquité gréco-romaine, et finalement vers l’approche religieuse des Pères de l’Église. Dans ce dernier ouvrage, l’expérience de la chair sera soumise à l’abstinence, à la virginité et au mariage. Dans ce contexte philosophico-théologique, le rapport à la chair a beau être le lieu de plusieurs interdits, il demeure constitutif de notre être-sujet. Comme «mode d’expérience, de connaissance et de transformation de soi par soi », la chair participe de notre subjectivité associée à notre corps sensible.
L’étymologie latine du mot « chair» — carnem — signifie viande, composante prédominante du corps humain ou animal, essentiellement constituée de tissus musculaires recouverts par la peau. Mais la notion de chair renvoie aussi à la couleur de la peau, laquelle n’est certes pas unique, mais d’une infinie variété de teintes. De plus, dans certaines expressions, elle fait référence à l’aspect physique d’une personne. La chair n’est donc pas seulement mienne, elle s’identifie à celle d’autres personnes ou groupes d’individus. Selon les
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