Espaces d’exposition détruits, et la fascination de l’interdit
Le caractère destructeur n’a aucune idée en tête…
Nul besoin de savoir ce qui substituera à ce qui a été détruit.1
En 1969, Jan Dibbets réalisait Pedestals for a Museum. En déterrant les quatre coins des fondations du Stedelijk Museum, à Amsterdam, non seulement cherchait-il à critiquer l’approche conservatrice de cette institution, mais il confiait également à la démolition un rôle créatif dans la constitution d’une œuvre sculpturale. En 1976, Gordon Matta-Clark, à la veille de son exposition à l’Institut d’architecture et d’études urbaines de New York, tirait sur toutes les fenêtres du bâtiment avec une carabine empruntée à Dennis Oppenheim. En voulant s’ajouter à l’installation d’une série de photographies représentant des bâtiments du sud du Bronx aux fenêtres vandalisées, l’action de Matta-Clark se retrouve ainsi à mi-chemin entre l’acte radical et le geste conceptuel qui découle de la destruction. Quelques années plus tard, en 1986, Chris Burden exposait, à son tour, les fondations d’un bâtiment (Exposing the Foundation of the Museum) : il creusait notamment le sol d’une salle du MOCA Geffen à Los Angeles et, grâce à trois séries d’escaliers qui descendaient dans la fosse, mettait les visiteurs face aux limites physiques de l’institution muséale. Le sol d’un espace d’exposition a été également détruit, en 1993, par Hans Haacke qui, pendant la 15e Biennale de Venise (1993), démolissait le dallage de la salle centrale du pavillon allemand, en confiant ainsi à l’architecture du lieu le rôle d’objet conceptuel, sorte de métaphore des « ruines du pays
…