André-Louis Paré
N° 119 – printemps-été 2018

L’espace en question


Si tout se met en place comme prévu, l’artiste et géographe Trevor Paglen devrait procéder, cet été, au lancement, dans l’espace extra-atmosphérique, d’une sculpture réfléchissante appelée Orbital Reflector. Produite avec un matériau léger, semblable au Mylar, cette œuvre sera fixée à un petit satellite placé à bord de la Fusée Falcon 9, propriété de SpaceX, dont le PDG n’est nul autre qu’Elon Musk, aussi PDG de la société Tesla Motors, productrice de voitures électriques. Lorsque la fusée sera à plus de 575 km de la Terre, le satellite se détachera, et l’œuvre gonflable se déploiera afin d’y demeurer quelques semaines. Le Nevada Museum of Art collabore à ce projet et présente, jusqu’en septembre prochain, un premier modèle de ce satellite 1. Visible à l’œil nu à la nuit tombée, Orbital Reflector est une œuvre « non fonctionnelle » dont le seul intérêt est d’offrir aux observateurs terriens un point lumineux qui se déplace dans l’espace. Contrairement aux milliers de satellites scientifiques, militaires ou commerciaux qui, depuis la fin des années 1950, circulent au-dessus de nos têtes, sans trop se faire remarquer, Orbital Reflector de Paglen souhaite, au contraire, être visible a afin de donner à réfléchir à notre place dans le monde. Il souhaite que cette œuvre puisse réactiver notre émerveillement devant l’Univers. Mais pourquoi ne permettrait-elle pas aussi d’examiner, dans une nouvelle perspective, la question posée en 1963 à la philosophe Hannah Arendt concernant l’avenir de l’humanité à l’ère de la « conquête de l’espace » 2.


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