Entretien avec Jean-Yves Vigneau
Pour célébrer notre 30ième anniversaire (1987-2017), nous présentons dans cette section une série d’entrevues avec des artistes qui étaient déjà présents lors de la parution de nos premiers numéros et qui sont toujours actifs sur la scène artistique québécoise, canadienne, voire internationale. Ces artistes ont également une fiche sur le site du Dictionnaire historique de la sculpture québécoise au XXe siècle.
Vous présentiez, à l’été 2017, au Centre d’exposition l’Imagier (Gatineau), une exposition ayant pour titre Embarquement pour les îles. Le thème de l’île n’est pas nouveau dans votre parcours artistique, il est même omniprésent depuis le début. En quoi cette exposition venait-elle nous révéler une perspective nouvelle à propos de ce thème ?
Jean-Yves Vigneau : Il faut d’abord que je l’avoue, l’île est pour moi une sorte d’obsession. Je me qualifie moi-même d’« islomane », mot emprunté à l’écrivain britannique Lawrence Durrell pour décrire ces gens obsédés par des petites parcelles de terre entourées d’eau. Pour moi, qui ai vécu mon enfance sur une petite île et qui y retourne régulièrement, mon île n’est pas qu’une parcelle de terre entourée d’eau, mais le point focal de toutes mes lignes de fuite.
J’étais en résidence à Bâle, en Suisse, au printemps 2014, lorsque j’ai vu dans un musée quelques œuvres de Marcel Duchamp. Il ne s’agissait pas de l’urinoir ou du grand verre, mais d’une petite valise ouverte qui contenait des notes et des photos de l’artiste. Le Musée-en-valise de Duchamp a été le point de départ pour
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