Entre destruction et création.
Les réapparitions de Dialogue avec l’histoire de Jean Pierre Raynaud
Si l’on en juge par l’attention médiatique accordée aux polémiques touchant l’art public, ce type de création apparaît particulièrement propice à la controverse. Vandalisées, démantelées, voire transformées en objets de détestation collective, plusieurs de ces œuvres suscitent régulièrement des réactions négatives – quand elles ne sont pas tout simplement ignorées et négligées. Les cas répertoriés par Nathalie Heinich, dans son célèbre ouvrage L’art contemporain exposé aux rejets : études de cas (Éditions Jacqueline Chambon, 1998), témoignent d’ailleurs à la fois de la récurrence et de la virulence des attaques tant symboliques que physiques perpétrées à l’endroit des œuvres d’art public. Nous analyserons ici la controverse entourant Dialogue avec l’histoire (1987), sculpture réalisée par l’artiste français de réputation internationale Jean Pierre Raynaud pour la Place de Paris située dans le secteur de Place-Royale à Québec. L’œuvre, qui avait fait l’objet de vives critiques dès son inauguration, est détruite de manière spectaculaire en juin 2015 par la Ville de Québec sous prétexte qu’elle était dans un état de dégradation avancé. Cette décision a pour effet de réactiver une controverse latente, alimentée au fil des ans notamment par la publication sporadique de lettres ouvertes décriant l’aspect de la sculpture ou encore par des journalistes insistant sur son caractère prétendument inadéquat pour ce site historique.
Né à Courbevoie, en 1939, Raynaud, horticulteur de formation, se fait connaître dans les années 1960 avec ses pots de fleurs surdimensionnés et autres Psycho-Objets. Lauréat du Grand prix de la sculpture de la Ville de Paris, en 1986,
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