L’œuvre A Tribute to Toronto a été présentée à la Biennale de Toronto, en 2022, en tant qu’œuvre et événement familial. Cette sculpture éphémère a pourtant irrité les voies respiratoires de son public, littéralement, en offrant à voir et à inhaler un nuage de fumée aux teintes de violet, de bleu, de vert et de jaune.

Ni l’artiste ni la directrice de son studio n’ont apporté de réponse claire sur la nature des substances utilisées. La composition exacte des fumigènes n’a jamais été rendue publique. Les organisateur·trice·s de la biennale se sont contenté·e·s de s’assurer que les pigments étaient « non toxiques » et respectaient les « normes environnementales ». En 2021, la biennale Desert X, à Palm Springs, avait déjà annulé une œuvre de Judy Chicago pour des préoccupations similaires. La fumée, emportée par le vent, soulève des questions cruciales : peut-on rendre hommage à une ville tout en asphyxiant son environnement ? Comment peut-on demander aux spectateur·trice·s d’aspirer des substances inconnues sous prétexte d’art ?

Depuis les années 1960, Judy Chicago s’est imposée comme une figure majeure du Land Art avec ses performances Atmospheres, caractérisées par l’utilisation de fumées colorées libérées en plein air, formant des colonnes et de denses brouillards roses, mauves, bleus ou orangés. Ces interventions — réalisées dans des déserts et des plages ou sur des toits urbains — se veulent des créations éphémères où le site est central. L’artiste aspire à féminiser l’espace

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