La 60e édition de la Biennale d’art de Venise marque une accélération du tournant politique qu’a pris l’événement ces dernières années. Une approche privilégiée par le premier commissaire provenant de l’Amérique du Sud et « ouvertement queer », le Brésilien Andrano Pedrosa, qui investit d’un point de vue décolonial cette vitrine exceptionnelle de l’art contemporain. D’abord avec le titre évocateur Stranieri Ovunque – Foreigners Everywhere, tiré de l’œuvre éponyme du collectif Claire Fontaine, basé à Palerme, et dont l’installation regroupe plus d’une cinquantaine d’occurrences de l’expression traduite dans différentes langues occidentales et autochtones, incluant certaines disparues. Formées de néons multicolores, les inscriptions « étrangers partout » illuminent un bassin de l’Arsenal, ce lieu symbolique de la cité marchande vénitienne qui accueillit jadis en son sol des milliers de migrant·e·s et de négoces venu·e·s des quatre coins du monde. Le vocable « étranger » devient ainsi la pierre angulaire de Pedrosa pour aborder notre monde en crise et ses millions de déplacé·e·s¹ tout en faisant de l’immigration et de la décolonisation ses thèmes centraux. Intrinsèquement lié au terme « étrange² », l’étranger représente effectivement pour une partie de la population ce qui reste troublant, voire insaisissable. Toutefois, sans outrepasser la violence de son exclusion, le commissaire en fait aussi un terme fédérateur puisque chacun·e s’identifie à un moment de sa vie comme l’étranger de l’autre. 

Les sections Nucleo Storico et Nucleo contemporeano

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