Confronter les destins : Pierre Huyghe-Philippe Parreno
L’attention critique s’est cristallisée à Paris, cet automne, autour des expositions de deux des enfants chéris de la scène française et de l’esthétique relationnelle, Pierre Huyghe et Philippe Parreno. Une concomitance de date qui a intuitivement entretenu, dans les esprits et les modalités de visite, un principe de comparaison, voire une rivalité, entre la proposition du premier à l’espace 315 du Centre Pompidou et celle de Philippe Parreno s’octroyant l’intégralité des espaces du Palais de Tokyo.
Tous deux ont déployé une spectacularité et une événementialité intenses aux prises avec l’exercice de la monographie rétrospective. Chacun s’y est adonné avec son esthétique propre et a généré des impressions fort différentes avec, au final, le même objectif : celui de créer un sens de la communauté et un sentiment d’appartenance prégnants plutôt inédits. Évidemment, dans pareil projet, la place du récit des oeuvres et de leur expérience passe par l’écriture d’une auto-mythologie précise ; ce métarécit révisant les arguments préalables et la connaissance des pièces pour les revaloriser dans des perspectives renouvelées et ainsi édicter une nouvelle fortune critique. Parfaitement assumée du côté de Philippe Parreno dont l’exposition « comme automate » comporte une rythmique, un déroulé que suit le visiteur progressivement initié à son art, cette auto-héroïsation est revendiquée avec moins de franchise chez Huyghe quoiqu’elle soit tout aussi réelle. Scénarisée par le hasard des rencontres qui peuvent survenir au fil de la visite, l’histoire canonique de l’artiste et de son art s’écrit chez lui par à-coups et errements
…