Bernard-Alexandre Beullac. Une poétique de l’objet
Le rapport de l’homme à l’objet n’est du tout seulement de la possession ou de l’usage. Non, ce serait trop simple. C’est bien pire. Les objets sont en dehors de l’âme, bien sûr ; pourtant, ils sont aussi notre plomb dans la tête. Il s’agit d’un rapport à l’accusatif 1.
– Francis Ponge
Influencé par un parcours en art appliqué, le travail du sculpteur Bernard-Alexandre Beullac s’intéresse au rapport à l’objet comme « aspect essentiel de notre être au monde », qui « influence notre subjectivité 2 ». Ses oeuvres interrogent non pas la question de l’avoir, mais de l’être, affecté par l’objet. Ainsi, dans ses dernières créations, l’artiste fait formellement référence à la bombe : Rose, et sa série intitulée La Parabole matérielle (I, II, III et IV). Nonobstant le point de rupture dans la modernité engendré par l’envergure destructrice de cette arme, l’artiste ne s’y est pas intéressé pour son propos sociopolitique. Il explique avoir été avant tout attiré par son aspect formel, sa sensualité et son esthétisme industriel. Il se sert davantage de l’ogive comme forme léguée par l’art moderne et inscrite dans l’inconscient collectif. L’oeuvre est ainsi soustraite à toute charge pathétique, la forme ogivale sert de métaphore.
D’emblée, la série La Parabole matérielle frappe par sa pluralité d’ambivalences. À la forme de l’ogive est associée la figure antinomique d’un animal marin. Les sculptures oscillent entre deux iconographies, celle d’un objet industriel synonyme de mort, et celle d’un être vivant. L’inertie de la bombe paraît
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