Bander le paysage, entretien avec Lazare Lazarus
Des visages encagoulés, des corps étreints dans les agaves, des démons sautillant sur les cimes des Calanques ou des églises orthodoxes fondues dans la Garrigue, l’imaginaire de Lazare Lazarus se nourrit de Marseille, la ville qu’il aime à arpenter. Dans ses dessins comme dans ses films semble s’illustrer une inlassable quête, celle de la tendresse et des plaisirs de la chair, dont il relate les histoires et les souvenirs tantôt vécus, tantôt fabulés… Cet entretien est publié à l’occasion de la parution du no134 de la revue ESPACE art actuel (dossier : Porn·O).
Pierre Arese Tu te présentes généralement comme « pute et jardinier ». Pourquoi ces qualificatifs sont-ils les mieux à même de désigner ton travail ?
Lazare Lazarus Ce sont, tout simplement, les activités qui me caractérisent le mieux. Je suis travailleur du sexe (t.d.s.) depuis un peu plus de 10 ans. J’ai des clients, des hommes de différents âges et de tous types, qui me contactent pour des prestations sexuelles. Le travail du sexe me passionne, c’est extrêmement épanouissant. Je fais principalement de la domination, ce que l’on qualifie généralement de BDSM. Dans ces pratiques, il y a quelque chose de l’ordre de la quête. Quelqu’un vient s’abandonner à moi, et moi j’essaie de comprendre intuitivement ses besoins. Pour certains, cela peut être très doux, mais pour d’autres, une forme de violence peut se mettre en place, quelque chose de plus dur, de plus éprouvant. Mais j’insiste sur cet aspect précis : les deux facettes sont d’égales
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